Les autorités françaises ont déployé un grand nombre de policiers anti-émeutes lors de la finale de la Ligue des champions à Paris. Ce fut apparemment en raison d’une association erronée entre la catastrophe de Hillsborough en 1989 et le hooliganisme. C’est ce qu’indique le rapport officiel rédigé pour le Premier ministre français.
Un rapport controversé
Michel Cadot, délégué du ministère français des sports pour les grands événements sportifs, a récemment rédigé un rapport. Cette déclaration semble confirmer les hypothèses les plus sombres de nombreux supporters de Liverpool lors de la finale. Les interventions policières musclées qu’ils ont subies étaient fondées sur des préjugés quant à leur comportement probable. C’est donc ce qui explique les gaz lacrymogènes.
Le rapport de 30 pages de M. Cadot a été remis vendredi au cabinet du Premier ministre français, Élisabeth Borne. Ce rapport fait référence à Hillsborough dans une section consacrée au renseignement policier avant la finale du 28 mai. Cette section reconnaît d’abord que les supporters de Liverpool ne sont pas connus pour leur violence lors des matchs. Cependant, elle poursuit : « La référence à la tragédie de Hillsborough en 1989 (97 morts) pour laquelle la responsabilité de la police a été pointée, a cependant conduit à l’élaboration d’un dispositif policier ferme. Le but étant de maintenir l’ordre en tenue anti-émeute, afin de pouvoir répondre à un risque de phénomènes collectifs de hooliganisme et de ravages. C’est d’ailleurs ce qui s’était produit à Marseille le 13 juin 2016 lors du match Angleterre-Russie. »
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La vérité établie sur la catastrophe de 1989
Les familles endeuillées de Hillsborough ont réagi avec indignation et consternation. L’association par le rapport de la catastrophe, lors de la demi-finale de la FA Cup 1989, au hooliganisme, et à la révélation que, malgré tous les changements intervenus dans le football au cours des 33 années qui ont suivi, celui-ci continuait apparemment à informer les perceptions et le comportement de la police.
Une campagne a été menée par les familles endeuillées et les survivants pour établir légalement la vérité sur la façon dont la catastrophe a été causée. Un jury d’enquête a déterminé en 2016 que les 97 victimes ont été tuées illégalement. Ce fut qualifié d’homicide par négligence grave par l’officier de police du South Yorkshire qui commandait, le Ch Supt David Duckenfield. Le jury a également déterminé qu’il n’y avait pas de hooliganisme, d’ivresse, de manque de billets ou tout autre mauvais comportement présumé des supporters de Liverpool ayant contribué à la catastrophe.
Louise Brookes, dont le frère Andrew, 26 ans, était l’une des 97 personnes tuées, a déclaré à propos du rapport : « C’est une incapacité totale et scandaleuse à comprendre la catastrophe. Et ce préjugé, selon lequel les supporters de Liverpool sont des hooligans, basé sur une incompréhension totale de quelque chose qui s’est passé il y a 33 ans, a failli causer une autre catastrophe à Paris, à une nouvelle génération de supporters de Liverpool. »
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L’incompétence des forces policières
Le rapport de Cadot a identifié de multiples défaillances dans la gestion de la foule au Stade de France. Le coup d’envoi a été retardé de 36 minutes alors que des milliers de supporters étaient retenus dans des files statiques. Beaucoup d’entre eux ont été gazés par la police française. Toutefois, son rapport maintient l’allégation selon laquelle un très grand nombre de supporters de Liverpool munis de faux billets constituaient une part importante du problème. Borne aurait accepté les recommandations de Cadot et demandé qu’elles soient mises en œuvre sans délai.
Steve Rotheram, maire de la région de Liverpool, qui a vécu le chaos à Paris, a décrit cette allégation comme un moyen pour le gouvernement français de détourner la responsabilité. On cherche à faire des supporters des boucs émissaires. Au sujet de la référence à Hillsborough, Rotheram a déclaré : « Cela est décrit comme des renseignements, mais cela démontre un manque d’intelligence et confirme nos pires craintes. L’épouvantable maintien de l’ordre et la mauvaise gestion de la foule à Paris étaient basés sur un mensonge, l’ignorance et les préjugés. Cela souligne à nouveau la nécessité d’une enquête complète, approfondie et indépendante. »
L’indignation des victimes d’Hillsborugh
Margaret Aspinall, la dernière présidente du Hillsborough Family Support Group, dont le fils James, 18 ans, était l’une des 97 personnes tuées dans la catastrophe, a qualifié le rapport de honteux.
« Cela certifie nos pires soupçons qu’une vision complètement fausse de ce qui s’est passé à Hillsborough a informé une force de police dans un autre pays. Cela montre la puissance des mensonges racontés par la police de ce pays, qui sont encore crus et répétés par beaucoup trop de gens. Les stades de football et les services de police ont été rendus beaucoup plus sûrs après la catastrophe et tous les supporters de football devraient le comprendre. »
Le ministère français des sports, qui a commandé le rapport et le ministère de l’intérieur, qui est responsable du maintien de l’ordre, ont été contactés pour un commentaire.
Un porte-parole de l’Uefa a déclaré que l’organisation ne pouvait pas commenter un rapport officiel du gouvernement français. Toutefois, une source a insisté sur le fait que le personnel de l’Uefa est parfaitement au courant de la vérité sur Hillsborough. L’entité n’a joué aucun rôle dans la fourniture de telles références à la police en tant que renseignement.
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